Thursday, March 1, 2012


Safari en brousse !

                                                                                                                                          
Bonjour à tous,

Alors que le Congo pleurait Katumba Mwenke, responsable de crimes contre l’humanité (cf rapports de la Monusco), qui a ‘beaucoup fait pour le pays’ selon les nombreux corrompus, je suis partie pour un périple à la congolaise où les notions ‘facilité, efficacité et rapidité’ n’ont de sens ni de raison ! Rien n’étonne : Ni les problèmes mécaniques récurrents, qui retardent notre arrivée de quelques heures, ni même les troupeaux de vaches, en provenance de contrées lointaines et à destination de Lubumbashi, qui parcourent, d’un pas élancé des centaines de kilomètres à pied. Encore moins les scènes de corruption avec la police routière…
           
En brousse, les hommes, qui vivent essentiellement de la production de charbon de bois, transportent sur leurs vélos des dizaines de kilos qu’ils poussent tant bien que mal, le long des ‘routes’ en évitant la boue et les nids de poules, jusqu’aux villes, et que l’on taxera et revendra dans toute la province. Les femmes quant à elles, leurs bébé à califourchon sur leur dos, se chargent de transporter les denrées alimentaires (manioc, mais) sur leur têtes soit pour nourrir leurs familles, soit à la recherche de potentiels acheteurs. Les enfants, quant à eux, nous escortent en criant et nous saluant. D’autres villages que nous avons traversés étaient déserts : En saison des pluies, les villageois vivent aux champs, qu’ils cultivent jusqu’au moment des récoltes. Contrairement à la région du Tanganyika, cette région ci n’a pas encore été investie par les ONG. On ne trouve ni école, ni puits, ni aide au développement.

            Après 10 heures de voyage à travers la brousse katangaise, les plaines et les montagnes, nous arrivons à Mwadingusha, un village de quelques milliers d’habitants, à 200 kilomètres au nord-est de Lubumbashi. Réputé pour ses deux centrales hydro-électriques qui alimentent toute la province, Mwadingusha est une cité ouvrière qui ressemble presque au phalanstère  de Fourier. La cité a été construite par les Belges au début du XXe siècle. Depuis, rien ne semble avoir changé. Les agents de la Snel, (la seule société électrique congolaise), sont logés dans un quartier résidentiel, les cadres sont installés dans des résidences plus spacieuses, dans un autre quartier. La société a construit hôpital, écoles primaire et professionnelle, salles de jeux, pour ses employés. Années après années, l’accès à ces services c’est élargi à toute la population de Mwadingusha. Les agents Snel profitent bien sur de certains avantages préférentiels. Les deux centrales électriques, celle de Mwadingusha et de Koni, n’ont pas changé depuis leur construction au début du XXe siècle. Le matériel devient désuet donc  la société ne peut plus répondre à la croissante demande d’électricité. Ce qui explique leur politique de délestage, qui condamne de nombreux commerces en villes. A Kalemie, il n’y a plus d’électricité depuis 8 mois. Les particuliers et entreprises les plus riches utilisent des groupes électrogènes, très polluants ; les autres mettent la clé sous la porte.

          Passer quelques jours dans un village en brousse fut une expérience chargée d’émotion ! A part les habitations des agents de la Snel, les maisons carrées sont construites en briques rouges et les toits, qui sont très bas, en paille. L’intérieur des habitations est très sombre, il n’y a que très peu de fenêtres. Mais au village, on vit à l’extérieur ! On cuisine dehors, on mange dehors, les enfants se lavent dans l’eau de la rivière, on fait sa lessive dans des bassines devant la maison…Les maisons ne sont en fait qu’un endroit pour dormir. Dans les ruelles en terre battue, les poules, les chèvres courent partout, les cochons nettoient le village, comme dans nos villes du moyen-âge.
Au marché, on trouve des feuilles de manioc, des feuilles de patate douce, des concombres, du tabac, du poisson frais, (la pêche est pourtant interdite à cette saison). Les enfants me contemplent : c’est la première fois qu’ils voient une blanche !
L’expansion du village est flagrante. Déjà on trouve quelques boutiques plus élaborées, des boutiques d’objets électroniques, des terrasses, où l’on sert la bière locale dans des espèces de chopes en bois, des salons de coiffures.  Les femmes, aux coiffures absolument délirantes,  sont toujours très coquettes.
Dès la tombée de la nuit, la nature s’éveille. Les grenouilles, les chauves-souris, les termites ailées, les souris, les rats et je ne sais quels autres animaux sortent de leur cachette et sifflent en cœur ! Autant dire que j’ai passé deux nuits blanche à vérifier, à travers ma moustiquaire, qu’aucun animal ne rentrait dans ma chambre !

            L’heure du départ est très vite arrivée. Les sœurs qui nous avaient accueilli, m’ont offert un régime de banane de plus d’1 mètre de hauteur, de la confiture de goyave et un poulet (vivant !). Je pensais d’abord à une mauvaise blague, mais j’ai vite compris qu’elles étaient très sérieuses : La tradition veut que l’on honore un invité en lui offrant à dîner, un poulet, présenté avec les abats. Dans certaines tribus, le morceau ‘honorifique’ est l’estomac, dans d’autres se sont les rognons… Les sœurs n’avaient pas eu le temps de tuer la poule pendant mon séjour : elles m’ont donc donnée un poulet suffisamment gros pour être tué et mangé dès mon arrivée à Lubumbashi !

Au retour, nous sommes passés par Likasi, au centre Kilima (internat pour handicapés moteurs). Là j’ai rencontré les médecins de l’association ‘Médecins sans Vacances’ qui sont venus opérer gratuitement les enfants. Ces enfants sont vraiment très touchants ! Ils jouent beaucoup, avec presque rien, rient à cœur joie. Ils se sont crées une famille très solidaire, où les grands aident les petits.

Le retour à Lubumbashi, en transport en commun fut une scène d’anthologie ! Nous étions tous entassés les uns sur les autres, dans un bus qui datait des années 50. Après m'être habituée aux secousses, aux coups de freins, à la chaleur étouffante, à la vitesse et aux dépassements suicidaires, un pasteur a sorti sa bible, et nous a sermonné pendant presque une heure, sur la parole de dieu et sur la rédemption de chacun. Puis, après une conclusion qui expliquait qu’il fallait le payer pour une bénédiction, il est passé dans l’allée, à béni beaucoup des passagers, à récolté beaucoup d’argent, puis est descendu au bord de la route pour attendre un autre bus qui allait le ramener à Likasi, et lui permettre de gagner un peu plus d’argent…
Un métier comme un autre !

A bientot, 
Anne

P.S: Je suis désolée de ne pas poster plus de photos mais la connexion internet ne le permet pas!


1 comment:

  1. Waaah quelle belle aventure!tu m'as quand même bien fait rire malgré la misère que connais le pays!

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