Friday, April 6, 2012

Quelques nouvelles!


 Presque trois mois ont déjà passé depuis le début des cours. Je constate quelques progrès ! Les élèves sont toujours aussi motivés pour apprendre l’anglais. Le manque de moyen ne me permet malheureusement pas de faire des cours très diversifiés. Je n’ai aucun matériel, pas de panneaux d’affichage, pas de photocopieuse, internet deux heures par semaines, et depuis plusieurs jours pas d’électricité !
 En ce qui concerne le théâtre, nous avançons bien avec nos deux groupes, je suis entrain d’écrire une pièce, qu’ils joueront à la fête de l’école, et à la journée de l’enseignement catholique. J’ai également contacté une troupe de théâtre locale, Mafankolo, qui viendra après les vacances de Pâques jouer à l’école une pièce sur la thématique de la paix. (Notre école étant une école de la paix…)
L’activité journal de l’école est une réussite ! Les enfants journalistes ont commencé par écrire quelques articles, et campagne de préventions sur la santé, après avoir interviewer les médecins du dispensaire St Joseph. Liliane et Rose, deux enseignantes, ‘m’aident’ à encadrer les enfants. Elles ne sont pas très investies : c’est un peu frustrant et énervant, mais là encore, je crois que c’est une attitude générale, si je m’en tiens aux discours d’autres volontaires! En tout cas, les enfants prennent beaucoup d’initiatives, ce qui me réjouie énormément ! Certains d’entre eux ont de gros potentiels. Il faut toutefois les encourager car le système scolaire ne leur donne pas, en général, la possibilité de réfléchir, ni de s’exprimer librement. Je me heurte souvent à un gros problème culturel : Les enfants, comme les adultes se moquent beaucoup. C’est à dire qu’à chaque fois que j’interroge un élève, tous les autres se mettent à rire aux éclats, y compris l’enseignant…
Les enfants ont donc peur de répondre aux questions, et passent leur temps la tête dans les bras ou la main devant la bouche, comme pour empêcher une faute de s’échapper ! C’est vraiment difficile dans ces conditions de les faire participer individuellement.

            L’éducation pose de sérieux problèmes au Congo. D’abord, il faut savoir qu’aucune école n’est construite par l’état. (Sauf une à Lubumbashi, qui a fait l’objet de la campagne de J. Kabila). L’état a demandé aux directeurs de rendre leurs écoles gratuites, et donc de ne rien faire payé aux familles. Or, il verse aux enseignants un salaire de 50 dollars par mois. Ces salaires, qui ne permettent pas à une famille de 5 enfants (5 enfants en moyenne par femme) de vivre au Congo, ne motivent pas les enseignants qui font leur travail sans grand intérêt ni professionnalisme. Le gros dilemme de la majorité des écoles est donc de faire payer des frais d’inscription mensuels, et donc d’exclure certains enfants de familles miséreuses dans l’incapacité de payer, ou alors, d’embaucher des enseignants de qui l’on ne peut rien exiger…
Les sœurs de St Joseph réclament 15 dollars par mois par enfant, afin de majorer les salaires (dont 10% est reversé à l’état). L’école n’a donc plus rien pour se développer. ‘L’école’ n’est autre que 4 murs, à l’intérieur desquels sont entassés de 70 à 120 enfants, dans certaines écoles. Les enseignants, dépassés par ce nombre exorbitant d’enfants à qui ils doivent apprendre à lire et à écrire, utilisent pour méthode pédagogique la répétition collective, alors que cette école conformiste détruit consciencieusement la jeunesse. Le redoublement est très rare! Officiellement, au Congo, le taux d’alphabétisation s’élève à 95%...

            La corruption est omniprésente dans les écoles, du primaire à l’université. Elle dévalorisent les diplômes et forment des professionnels de mauvaise qualité, qui appliquent la loi du moindre effort. Ce cercle vicieux est d’une importance désolante, puisque seule l’éducation permettra aux congolais de reconstruire le pays. Alors que cette pratique courante est en général peu contestée, nous avons rencontré à Kalemie (Nord Katanga) la rectrice de l’université, qui se bat pour une université juste. Elle expliquait lors de sa conférence que le trafic d’influence n’est pas passible de sanctions.
Je pense que cette école de la débrouillardise dans un contexte d’impunité totale est à l’origine du comportement égoïste et individualiste des congolais en général, (il y a bien sûr des exceptions !) qui s’acharnent les uns contre les autres pour assurer leur survie. Les vols deviennent incessants à Tchamalale. Personne ne peut faire confiance à personne, même au sein d’une entreprise ;
Dans cette jungle où la loi du plus fort est toujours la meilleure, l’espoir d’un réel développement social semble être une illusion.

            Le 8 mars, nous avons fêté avec les filles de l’école St Benoit, la journée de la femme. Après un débat plutôt animé sur le rôle de la femme, ses droits et ses devoirs, nous avons fait un grand jeu qui les a beaucoup réjouies ! (cf photos ci jointes, si j’arrive à les télécharger !) Les filles étaient toutes habillées en pagnes et blouses assorties ; certaines d’entre elles portaient les perruques très convoitées de leurs mamans, chaussures à talons, maquillage…
Cette journée (même le mois) est très fêtée au Congo, mais j’ai l’impression que seulement très peu de femmes connaissent les vrais enjeux de cette journée. La soumission des femmes est encore la norme de cette société patriarcale.
Mais quelques associations autochtones tentent de donner une autre image de la femme par le biais d’ateliers entre autres. Il ne faut pas perdre espoir ! ;)
L’opération bibliothèque avance bien grâce à votre soutien (Merci beaucoup pour vos dons !). Les livres sont à Milan, prêts à partir ! Le transport est organisé par une ONG italienne, ALBA (Association laïque pour les bambins d’Afrique).
Le coordinateur de cette ONG, Gabriele, me fait découvrir le fonctionnement de gros projets humanitaires et leurs enjeux, notamment l’opération moustiquaire de UNICEF, dont il organise le transport dans tout le Katanga.
Il m’a aussi introduit au monde des artistes de Lubumbashi. Des gens remarquables qui organisent de nombreuses manifestations, concerts, ateliers, expositions, conférences...
Des gens avec qui on ne s’ennuie pas !
Avec l’alliance française, je vais également faire partie du comité d’organisation du bus culturel pour la francophonie. Un projet vraiment intéressant qui nous emmènera jusqu’à Makuacha, un village de femmes artistes (peinture murale).

A très bientôt,
Anne



Journée de la femme, école St Benet

Trésor Malaya, à Makuacha, village de mamans artistes
peinture murale, Makuacha

Thursday, March 1, 2012


Safari en brousse !

                                                                                                                                          
Bonjour à tous,

Alors que le Congo pleurait Katumba Mwenke, responsable de crimes contre l’humanité (cf rapports de la Monusco), qui a ‘beaucoup fait pour le pays’ selon les nombreux corrompus, je suis partie pour un périple à la congolaise où les notions ‘facilité, efficacité et rapidité’ n’ont de sens ni de raison ! Rien n’étonne : Ni les problèmes mécaniques récurrents, qui retardent notre arrivée de quelques heures, ni même les troupeaux de vaches, en provenance de contrées lointaines et à destination de Lubumbashi, qui parcourent, d’un pas élancé des centaines de kilomètres à pied. Encore moins les scènes de corruption avec la police routière…
           
En brousse, les hommes, qui vivent essentiellement de la production de charbon de bois, transportent sur leurs vélos des dizaines de kilos qu’ils poussent tant bien que mal, le long des ‘routes’ en évitant la boue et les nids de poules, jusqu’aux villes, et que l’on taxera et revendra dans toute la province. Les femmes quant à elles, leurs bébé à califourchon sur leur dos, se chargent de transporter les denrées alimentaires (manioc, mais) sur leur têtes soit pour nourrir leurs familles, soit à la recherche de potentiels acheteurs. Les enfants, quant à eux, nous escortent en criant et nous saluant. D’autres villages que nous avons traversés étaient déserts : En saison des pluies, les villageois vivent aux champs, qu’ils cultivent jusqu’au moment des récoltes. Contrairement à la région du Tanganyika, cette région ci n’a pas encore été investie par les ONG. On ne trouve ni école, ni puits, ni aide au développement.

            Après 10 heures de voyage à travers la brousse katangaise, les plaines et les montagnes, nous arrivons à Mwadingusha, un village de quelques milliers d’habitants, à 200 kilomètres au nord-est de Lubumbashi. Réputé pour ses deux centrales hydro-électriques qui alimentent toute la province, Mwadingusha est une cité ouvrière qui ressemble presque au phalanstère  de Fourier. La cité a été construite par les Belges au début du XXe siècle. Depuis, rien ne semble avoir changé. Les agents de la Snel, (la seule société électrique congolaise), sont logés dans un quartier résidentiel, les cadres sont installés dans des résidences plus spacieuses, dans un autre quartier. La société a construit hôpital, écoles primaire et professionnelle, salles de jeux, pour ses employés. Années après années, l’accès à ces services c’est élargi à toute la population de Mwadingusha. Les agents Snel profitent bien sur de certains avantages préférentiels. Les deux centrales électriques, celle de Mwadingusha et de Koni, n’ont pas changé depuis leur construction au début du XXe siècle. Le matériel devient désuet donc  la société ne peut plus répondre à la croissante demande d’électricité. Ce qui explique leur politique de délestage, qui condamne de nombreux commerces en villes. A Kalemie, il n’y a plus d’électricité depuis 8 mois. Les particuliers et entreprises les plus riches utilisent des groupes électrogènes, très polluants ; les autres mettent la clé sous la porte.

          Passer quelques jours dans un village en brousse fut une expérience chargée d’émotion ! A part les habitations des agents de la Snel, les maisons carrées sont construites en briques rouges et les toits, qui sont très bas, en paille. L’intérieur des habitations est très sombre, il n’y a que très peu de fenêtres. Mais au village, on vit à l’extérieur ! On cuisine dehors, on mange dehors, les enfants se lavent dans l’eau de la rivière, on fait sa lessive dans des bassines devant la maison…Les maisons ne sont en fait qu’un endroit pour dormir. Dans les ruelles en terre battue, les poules, les chèvres courent partout, les cochons nettoient le village, comme dans nos villes du moyen-âge.
Au marché, on trouve des feuilles de manioc, des feuilles de patate douce, des concombres, du tabac, du poisson frais, (la pêche est pourtant interdite à cette saison). Les enfants me contemplent : c’est la première fois qu’ils voient une blanche !
L’expansion du village est flagrante. Déjà on trouve quelques boutiques plus élaborées, des boutiques d’objets électroniques, des terrasses, où l’on sert la bière locale dans des espèces de chopes en bois, des salons de coiffures.  Les femmes, aux coiffures absolument délirantes,  sont toujours très coquettes.
Dès la tombée de la nuit, la nature s’éveille. Les grenouilles, les chauves-souris, les termites ailées, les souris, les rats et je ne sais quels autres animaux sortent de leur cachette et sifflent en cœur ! Autant dire que j’ai passé deux nuits blanche à vérifier, à travers ma moustiquaire, qu’aucun animal ne rentrait dans ma chambre !

            L’heure du départ est très vite arrivée. Les sœurs qui nous avaient accueilli, m’ont offert un régime de banane de plus d’1 mètre de hauteur, de la confiture de goyave et un poulet (vivant !). Je pensais d’abord à une mauvaise blague, mais j’ai vite compris qu’elles étaient très sérieuses : La tradition veut que l’on honore un invité en lui offrant à dîner, un poulet, présenté avec les abats. Dans certaines tribus, le morceau ‘honorifique’ est l’estomac, dans d’autres se sont les rognons… Les sœurs n’avaient pas eu le temps de tuer la poule pendant mon séjour : elles m’ont donc donnée un poulet suffisamment gros pour être tué et mangé dès mon arrivée à Lubumbashi !

Au retour, nous sommes passés par Likasi, au centre Kilima (internat pour handicapés moteurs). Là j’ai rencontré les médecins de l’association ‘Médecins sans Vacances’ qui sont venus opérer gratuitement les enfants. Ces enfants sont vraiment très touchants ! Ils jouent beaucoup, avec presque rien, rient à cœur joie. Ils se sont crées une famille très solidaire, où les grands aident les petits.

Le retour à Lubumbashi, en transport en commun fut une scène d’anthologie ! Nous étions tous entassés les uns sur les autres, dans un bus qui datait des années 50. Après m'être habituée aux secousses, aux coups de freins, à la chaleur étouffante, à la vitesse et aux dépassements suicidaires, un pasteur a sorti sa bible, et nous a sermonné pendant presque une heure, sur la parole de dieu et sur la rédemption de chacun. Puis, après une conclusion qui expliquait qu’il fallait le payer pour une bénédiction, il est passé dans l’allée, à béni beaucoup des passagers, à récolté beaucoup d’argent, puis est descendu au bord de la route pour attendre un autre bus qui allait le ramener à Likasi, et lui permettre de gagner un peu plus d’argent…
Un métier comme un autre !

A bientot, 
Anne

P.S: Je suis désolée de ne pas poster plus de photos mais la connexion internet ne le permet pas!


Saturday, February 11, 2012

Le début de la vie active !



Bonjour, 


    J’ai commencé de travailler il y a maintenant quelques semaines. Les enfants, qui ne me comprenaient pas au début, s’habituent peu à peu à mon accent et mon débit rapide (que je m’efforce à maitriser) et ne sont plus ébahie devant ma blancheur ! 
Les niveaux sont très faibles, et les méthodes sont, à mon avis, complètement contre-productives...Ici, les enseignants travaillent beaucoup avec la répétition collective, ce qui n'encourage pas les élèves à réfléchir, ni à s’exprimer. En ce qui me concerne, ça se passe assez bien. Je dois m'adapter aux conditions relativement difficiles (des classes de 70 élèves, pleines de poussière et sans aucun matériel. Je vais donc essayer de créer une bibliothèque dans chaque classe pour les inciter à la lecture et la culture du livre. Ils n'ont pas du tout l'esprit créatif, et pensent qu'il n'y a que leur quartier sur cette terre (certains ont qd mm 14 ans). Il y a un manque certain de culture, donc d'opportunités pour ces enfants, qui sont pour nombre d'entre eux résignés à vendre du poisson et des chenilles sur le "trottoir" devant leur "maison". Pour rendre ma présence plus profitable, j’ai mis en place un atelier théâtre et un atelier journal à St Benoit, l’école des sœurs. Pour le théâtre, j’ai deux groupes de 23 élèves environ, et pour le journal, un groupe de 15 personnes très motivées ! Certains enfants ont beaucoup de talent, je pense que ces activités seront une manière effective de les faire travailler différemment, de les ouvrir au monde et de stimuler la réflexion ! 
Les autres enseignants de St Benoit étaient, jusqu’à présent, peu coopératifs et me laissaient le soin de tout gérer. Ca se passe de mieux en mieux, et ils comprennent maintenant que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres et que c’est le seul moyen de pérenniser les activités auxquels les enfants participent avec intérêt. 
    La vie quotidienne suit son cours ! J’apprends petit à petit à vivre différemment, à me réorganiser. Je dois réapprendre les codes et les valeurs de cette société encore très traditionnelle, et les intégrer dans la mesure du possible. Je pense que c’est une phase à ne pas négliger pour facilité mon intégration et pour comprendre cette population miséreuse, sans beaucoup de perspectives d’avenir, qui déjà se résigne à vivre au jour le jour. 
Les femmes-filles sont essentiellement destinées au mariage et à la reproduction (si une femme est stérile, il est normal d’en choisir une autre). Il est peu concevable qu’une fille ait des ambitions professionnelles. D’ailleurs les parents d’un foyer pauvre voire modeste feront le choix d’envoyer leurs fils faire des études à défaut de ne pouvoir scolariser toute la progéniture ! 
    Les sœurs de la congrégation m’ont adopté dans leur grande famille: Cambo Clotilde (grand-mère) attend avec impatience mes prétendants au mariage, et a déjà préparé formulaires de candidature et questionnaires, pour une sélection de bonne qualité! Nous nous sommes dit que la dot (somme que le mari donne à la famille de sa future femme) serait élevé,et qu’elle servirait à construire d’autres salles de classe! Mama Symphorose s’exaspère de mes tenues vestimentaires, (pourtant je fais des efforts!) mais sautille autour de moi avec un instrument étrange fabriqué en capsules de canettes dès que je porte un pagne; les novices (Thérèse, Symphorienne, Brigitte, Julie et Agnès) m’apprennent à marcher avec un seau d’eau sur la tête, et Mama Rosine à cuisiner le ‘fufu’ (la boule nationale)... Je suis vraiment ravie de vivre avec elles, aussi pour des questions de sécurité, et parce que qu’elles sont des personnes cultivées avec qui je peux échanger pendant des heures sur le pourquoi du comment de la culture congolaise, ses traditions, ses travers, l’histoire et la politique… !
La vie consacrée est quelque chose d'assez incroyable, et c'est vraiment intéressant de voir ça de l'intérieur. Les soeurs agissent sur tous les fronts sociaux (éducation, santé, culture, handicapé...). Elles travaillent dur, et sont respectées de tous. Elles sont très influentes dans la vie du pays. D'ailleurs j'ai l'impression que c'est surtout grâce aux congrégations que le pays garde la tête en dehors de l'eau. 
En ce qui concerne mes pratiques religieuses, je dois me plier au signe de croix avant et après chaque repas, mais j'ai été excusée pour les messes matinales, les prières quotidiennes, les vêpres et les adorations. Je vais quand même à la messe tout les dimanches à 7h30 pour un show en swahili de 2H30! Je ne comprends toujours pas grand chose, mais je chante et je danse, dans mon joli pagne! 
    Les gens du quartier commence à me connaître et à commérer à mon sujet...Certains pensent que je suis religieuse:  il n'est pas rare qu'on m’apostrophe: 'Jambo ma soeur'! Ca me fait beaucoup marrer. Au moins, on ne m'embête pas! ;)
    Il est assez difficile pour moi de créer de vrais liens avec les congolais. Je pense que ça prendra beaucoup de temps. 
Les gens pensent que je vais porter toute leur misère sur mes épaules, comme une certaine Anne, une britannique, qui l’a fait quelques années auparavant. Maintenant qu’elle est morte, ces gens qu’elle aidait se retrouvent dans la même misère qu’avant. Cette histoire me fait vraiment réfléchir sur l’aide humanitaire : Je pense qu’on ne peut pas juste donner. Ce n’est pas profitable puisque ça encourage la dépendance et l’assistanat, au dépend d’une aide au développement durable dans le temps. Les sœurs se battent par ailleurs contre la mendicité. (Sujet à approfondir!)
En attendant de nouvelles réponses, 
A bientôt, 
Anne

Saturday, January 21, 2012

Likasi


Jambo sana!! 
Nous grimpons à bord de notre Land Cruiser. Aujourd’hui, nous partons à Likasi, petite ville au nord de Lubumbashi. La route est bonne ; c’est un des seuls axes en état du pays. Malgré quelques frayeurs sur la route à cause de Delphin, notre chauffeur, qui s’est cru sur une piste de formule 1, nous arrivons sans embuches à la communauté des sœurs de St Joseph, sur la colline sacrée ! 
Les sœurs y ont crée un centre/internat pour handicapés moteur, qu’elles sont allées recueillir dans tout les villages du Katanga. Ces enfants ont souvent été rejetés par leurs familles qui pensent qu’ils ont été ensorcelés. Dans le centre Kilima, les enfants sont opérés, alphabétisés puis suivent un cursus scolaire normal avec d’autres enfants valides. Le centre offre des formations professionnelles pour ceux qui ont terminé le primaire, de type couture notamment. Leur intégration dans la société et le changement de regard sont vraiment les priorités du centre. La visite est émouvante…
Grâce à leur coopération avec l’ONG Lumière du Monde, les sœurs construisent aussi un centre ophtalmologique, qui permettra à des milliers d’enfants aveugles de retrouver la vue. Il ouvrira ses portes en avril. La liste d’attente est déjà très longue…
Le lendemain matin, malgré la pluie battante, nous allons au marché. La ville, aux couleurs orange, est assez jolie ; les routes, pourtant construites par les belges avant la décolonisation,  sont comme neuves ! 
Comme à Lubumbashi, les noms des boutiques sont d’une pieuté notable, (quand les commerçants n’oublient pas le ‘i’ de la vierge…erreur d’inattention nous disent-ils!). La ballade en ville est animée : les habitants de Likasi ne sont pas habitué à voir des ‘Mzungu’ (blanc en swahili). Les enfants nous escortent le temps du marché, espérant nous vendre tout et n’importe quoi pour quelques billets. Les gens sont relativement agressifs, mais leurs visages s’éclaircissent dès que nous les saluons. 
Nous sommes attendus dans une autre communauté de Likasi, là où habite Sœur Brigitte. Derrière leur maison (la seule de toutes les communautés avec électricité et eau courante), se trouve un dispensaire, que Sr Marie Joseph nous fait visiter. 
Nous entrons d’abord dans la maternité, où sept femmes sont alitées côte à côte avec leurs nouveaux nés. Pour une des femmes (40 ans), ce bébé est le 12ème… La tendance est la reproduction ! Plus loin dans le dispensaire, toujours dans la même promiscuité, des enfants atteint de la malaria sont sous traitement, d’autres sont allongés par terre dans la ‘salle d’attente’, en attendant que des lits se libèrent. Les normes d’hygiène sont moindres, mais le coût des soins permet à grand nombre de personnes de venir accoucher en sécurité et de soigner une malaria. Mais dès que les patients nécessitent des soins plus importants ou des opérations, ils sont envoyés à l’hôpital de la ville. D’ailleurs, nous avons escorté d’urgence dans notre ambulance improvisée, une jeune femme mourante dont l’accouchement c’est mal passé. Il n’y avait pas de services ambulanciers ce jour là.
Sur la route du retour à Lubumbashi, nous nous sommes arrêtés visité le monastère de kiswishi. Le domaine des frères est doté de plusieurs sources. C’est pourquoi ils ont crée une petite usine d’eau minérale, très moderne, et fabriquent la ‘Fontana’ de Notre Dame des sources, nouvelle concurrente de l’eau ‘Dasani’, produit de Coca-Cola ! Les usines sont rares au Katanga. Cette usine constituera peut-être un exemple pour les congolais qui s’uniront pour développé l’industrie autochtone !
Retour chez les sœurs, qui nous ont réservé une fois de plus un accueil très chaleureux !
Je commencerai ma mission à l’école lundi.
A bientôt,
Anne !

Wednesday, January 11, 2012

Premières impressions


Bonjour à tous !
J’ai débarqué samedi dernier dans une réalité nouvelle et inconnue, quelque peu indescriptible, tant par sa misère que sa richesse. 
Les rues de Lubumbashi, qui compte au total 4 millions d’habitants, sont bondées de monde. Les principales avenues sont goudronnées, les autres sont en terre battue et souvent défoncées par l’érosion, ce qui les rend peu praticables. La ville est très rouge. ‘Rouille’ dirait un occidental, ‘Couleur de l’Afrique’ clamerait un Africain ! Les rues sont sales: les congolais jettent par terre tout ce sont ils veulent se débarrasser; L’air est très pollué, à cause des camions de transport et des 4*4 pas écologiques dont les Des ‘boutiques’ d’alimentation, de vêtement, des salons de coiffure, des terrasses, aux noms déroutants ornent toutes les rues. « Gloire à Dieu, Esperance, Psaume 24… sont les types de noms que l’on retrouvent régulièrement !  Les Congolais qui n’ont pas assez d’argent pour louer une boutique, s’installent devant leur ‘maison’ et vendent manioc et maïs, poissons séchés et chenilles ou encore mangues et papayes. 
De part ce commerce de rue très important en nombre, et l’insalubrité des maisons, qui sont souvent minuscules et sombres, les congolais vivent principalement dans les rues. 
Le rythme de la vie Africaine est très lent. D’ailleurs personne n’a de montres ! Ici,  le temps a peu d’importance. Il n’est pas anormal d’attendre une heure ou deux un rendez-vous, les ouvriers prennent régulièrement le temps de souffler et de discuter à côté de leurs chantiers…mais le temps passe vite, les nuages sombres de la saison des pluies raccourcissant les jours. 
Je vis chez les sœurs de la congrégation des soeurs auxiliatrices de St Joseph, dans la maison de formation, dans un quartier qui s’appelle Tchamalale. Notre maison est barricadée d’un mur en brique, contre les voleurs qui sont nombreux. En face du dortoir, nous avons une autre maison avec la ‘cuisine’, une salle à manger, une salle de récréation, la chapelle, et il y a aussi une salle de classe ! Nous n’avons pas l’eau courante. Donc nous devons nous ravitailler en eau pour tous les besoins primitifs au fond du jardin. (Les douches à l’eau froide ne sont pas une partie de plaisir mais ça fait le charme du voyage!) Les sœurs cuisinent sur des réchauds à charbon de bois, posée sur le terre battue de la ‘cuisine’. Elles ont quand même 3 plaques électriques mais les longues coupures d’électricité sont fréquentes!  
Nous sommes entourées de poules et de pintades, qui vont et viennent. Le coq chante à toute heure du jour et de la nuit, indiquant le début et la fin des cours (j’ai vérifié, il est très ponctuel). 
La vie ici est très agréable, d’autant plus que les sœurs sont d’une gentillesse incroyables ! Jusqu’à maintenant, elles ne voulaient jamais trop que je les aide à la cuisine, et je devais insister pour aller chercher mon eau moi-même. J’ai compris hier soir, qu’elles croyaient que je ne cuisinais jamais en France, et que j’avais, comme tout les européens, une bonne… Maintenant que les préjugés sont tombés, je pense que je vais pouvoir  les aider à travailler un peu ! C’est en effet très intéressant de voir et d’apprendre comment on cuisine le manioc, (qu’on doit d’abord piller), comment on récolte de l’huile de palme, comment on cuisine toutes les feuilles pour en faire des légumes, (feuilles de manioc, de haricots, de pommes de terre…) Les fruits sont délicieux et tout ce qu’on consomme, à part certains poissons, vient de leur jardin, ou des champs ! Leur cuisine n’est cependant pas très variée. Bukari le midi accompagné de Tsombe et de poisson ou de poulet et  de bouillie de riz ou maïs le soir. Elles me cuisinent cependant des pâtes et des frites de temps en temps, pour une adaptation en douceur !
La religion est omniprésente dans la vie des congolais. La plupart des congolais sont de confessions catholiques, mais il y a (au grand désespoir des sœurs) une montée florissante d’églises méthodistes et évangéliques, qui ouvrent leurs portent à toute heure de jour et chante au rythme des tambourins et des cris de joie. 
Je me suis levée ce dimanche matin à 6h pour me rendre à l’église St Laurent, un bâtiment très simple sans dorures ni vitraux où la messe, en swahili, fut un spectacle de 2h30 !
Je ne suis pas encore experte en swahili mais j’apprends (pole pole) avec la Sœur Clotilde (74 ans), l’ancienne supérieure de la congrégation : un personnage charismatique et autoritaire au grand coeur!
La congrégation se bat sur tous les fronts pour reconstruire le pays, qui subit encore les conséquences de la guerre et du tribalisme.
A Lubumbashi, elles ont créée un dispensaire, dans lequel certaines d’entre elles travaillent. Elles ont aussi plusieurs écoles. Je vais travailler dans l’une d’entre elle près de la maison, St Benoit, ‘école de la paix’, le lundi et le mardi, à St Joseph (c’est l’école de la paroisse), le mercredi et jeudi, et je travaillerai dans un centre de ‘récupération’ de filles de la rue, où je donnerai des cours d’anglais appliqué à l’hôtellerie restauration.
Les religieuses ont, du fait de leur engagement dans toutes ces oeuvres sociales, ont un large réseau qui nous a permis de rencontrer beaucoup de monde, entre autres des coopérants français,un guide touristiques, des professeurs d’université et même des ministres provinciaux. 
Pour l’heure, je me dirige vers Kalemie, une ville à deux heures de vol de Lubumbashi, au bord du lac Tanganyika. Gilles participe à un colloque sur la question des défis alimentaire au Katanga, et moi je vais rencontrer pour la première fois la mère supérieure, Virginie, avec qui je correspond depuis des mois! 
A bientôt, 
Anne.