Friday, April 6, 2012

Quelques nouvelles!


 Presque trois mois ont déjà passé depuis le début des cours. Je constate quelques progrès ! Les élèves sont toujours aussi motivés pour apprendre l’anglais. Le manque de moyen ne me permet malheureusement pas de faire des cours très diversifiés. Je n’ai aucun matériel, pas de panneaux d’affichage, pas de photocopieuse, internet deux heures par semaines, et depuis plusieurs jours pas d’électricité !
 En ce qui concerne le théâtre, nous avançons bien avec nos deux groupes, je suis entrain d’écrire une pièce, qu’ils joueront à la fête de l’école, et à la journée de l’enseignement catholique. J’ai également contacté une troupe de théâtre locale, Mafankolo, qui viendra après les vacances de Pâques jouer à l’école une pièce sur la thématique de la paix. (Notre école étant une école de la paix…)
L’activité journal de l’école est une réussite ! Les enfants journalistes ont commencé par écrire quelques articles, et campagne de préventions sur la santé, après avoir interviewer les médecins du dispensaire St Joseph. Liliane et Rose, deux enseignantes, ‘m’aident’ à encadrer les enfants. Elles ne sont pas très investies : c’est un peu frustrant et énervant, mais là encore, je crois que c’est une attitude générale, si je m’en tiens aux discours d’autres volontaires! En tout cas, les enfants prennent beaucoup d’initiatives, ce qui me réjouie énormément ! Certains d’entre eux ont de gros potentiels. Il faut toutefois les encourager car le système scolaire ne leur donne pas, en général, la possibilité de réfléchir, ni de s’exprimer librement. Je me heurte souvent à un gros problème culturel : Les enfants, comme les adultes se moquent beaucoup. C’est à dire qu’à chaque fois que j’interroge un élève, tous les autres se mettent à rire aux éclats, y compris l’enseignant…
Les enfants ont donc peur de répondre aux questions, et passent leur temps la tête dans les bras ou la main devant la bouche, comme pour empêcher une faute de s’échapper ! C’est vraiment difficile dans ces conditions de les faire participer individuellement.

            L’éducation pose de sérieux problèmes au Congo. D’abord, il faut savoir qu’aucune école n’est construite par l’état. (Sauf une à Lubumbashi, qui a fait l’objet de la campagne de J. Kabila). L’état a demandé aux directeurs de rendre leurs écoles gratuites, et donc de ne rien faire payé aux familles. Or, il verse aux enseignants un salaire de 50 dollars par mois. Ces salaires, qui ne permettent pas à une famille de 5 enfants (5 enfants en moyenne par femme) de vivre au Congo, ne motivent pas les enseignants qui font leur travail sans grand intérêt ni professionnalisme. Le gros dilemme de la majorité des écoles est donc de faire payer des frais d’inscription mensuels, et donc d’exclure certains enfants de familles miséreuses dans l’incapacité de payer, ou alors, d’embaucher des enseignants de qui l’on ne peut rien exiger…
Les sœurs de St Joseph réclament 15 dollars par mois par enfant, afin de majorer les salaires (dont 10% est reversé à l’état). L’école n’a donc plus rien pour se développer. ‘L’école’ n’est autre que 4 murs, à l’intérieur desquels sont entassés de 70 à 120 enfants, dans certaines écoles. Les enseignants, dépassés par ce nombre exorbitant d’enfants à qui ils doivent apprendre à lire et à écrire, utilisent pour méthode pédagogique la répétition collective, alors que cette école conformiste détruit consciencieusement la jeunesse. Le redoublement est très rare! Officiellement, au Congo, le taux d’alphabétisation s’élève à 95%...

            La corruption est omniprésente dans les écoles, du primaire à l’université. Elle dévalorisent les diplômes et forment des professionnels de mauvaise qualité, qui appliquent la loi du moindre effort. Ce cercle vicieux est d’une importance désolante, puisque seule l’éducation permettra aux congolais de reconstruire le pays. Alors que cette pratique courante est en général peu contestée, nous avons rencontré à Kalemie (Nord Katanga) la rectrice de l’université, qui se bat pour une université juste. Elle expliquait lors de sa conférence que le trafic d’influence n’est pas passible de sanctions.
Je pense que cette école de la débrouillardise dans un contexte d’impunité totale est à l’origine du comportement égoïste et individualiste des congolais en général, (il y a bien sûr des exceptions !) qui s’acharnent les uns contre les autres pour assurer leur survie. Les vols deviennent incessants à Tchamalale. Personne ne peut faire confiance à personne, même au sein d’une entreprise ;
Dans cette jungle où la loi du plus fort est toujours la meilleure, l’espoir d’un réel développement social semble être une illusion.

            Le 8 mars, nous avons fêté avec les filles de l’école St Benoit, la journée de la femme. Après un débat plutôt animé sur le rôle de la femme, ses droits et ses devoirs, nous avons fait un grand jeu qui les a beaucoup réjouies ! (cf photos ci jointes, si j’arrive à les télécharger !) Les filles étaient toutes habillées en pagnes et blouses assorties ; certaines d’entre elles portaient les perruques très convoitées de leurs mamans, chaussures à talons, maquillage…
Cette journée (même le mois) est très fêtée au Congo, mais j’ai l’impression que seulement très peu de femmes connaissent les vrais enjeux de cette journée. La soumission des femmes est encore la norme de cette société patriarcale.
Mais quelques associations autochtones tentent de donner une autre image de la femme par le biais d’ateliers entre autres. Il ne faut pas perdre espoir ! ;)
L’opération bibliothèque avance bien grâce à votre soutien (Merci beaucoup pour vos dons !). Les livres sont à Milan, prêts à partir ! Le transport est organisé par une ONG italienne, ALBA (Association laïque pour les bambins d’Afrique).
Le coordinateur de cette ONG, Gabriele, me fait découvrir le fonctionnement de gros projets humanitaires et leurs enjeux, notamment l’opération moustiquaire de UNICEF, dont il organise le transport dans tout le Katanga.
Il m’a aussi introduit au monde des artistes de Lubumbashi. Des gens remarquables qui organisent de nombreuses manifestations, concerts, ateliers, expositions, conférences...
Des gens avec qui on ne s’ennuie pas !
Avec l’alliance française, je vais également faire partie du comité d’organisation du bus culturel pour la francophonie. Un projet vraiment intéressant qui nous emmènera jusqu’à Makuacha, un village de femmes artistes (peinture murale).

A très bientôt,
Anne



Journée de la femme, école St Benet

Trésor Malaya, à Makuacha, village de mamans artistes
peinture murale, Makuacha