Saturday, January 21, 2012

Likasi


Jambo sana!! 
Nous grimpons à bord de notre Land Cruiser. Aujourd’hui, nous partons à Likasi, petite ville au nord de Lubumbashi. La route est bonne ; c’est un des seuls axes en état du pays. Malgré quelques frayeurs sur la route à cause de Delphin, notre chauffeur, qui s’est cru sur une piste de formule 1, nous arrivons sans embuches à la communauté des sœurs de St Joseph, sur la colline sacrée ! 
Les sœurs y ont crée un centre/internat pour handicapés moteur, qu’elles sont allées recueillir dans tout les villages du Katanga. Ces enfants ont souvent été rejetés par leurs familles qui pensent qu’ils ont été ensorcelés. Dans le centre Kilima, les enfants sont opérés, alphabétisés puis suivent un cursus scolaire normal avec d’autres enfants valides. Le centre offre des formations professionnelles pour ceux qui ont terminé le primaire, de type couture notamment. Leur intégration dans la société et le changement de regard sont vraiment les priorités du centre. La visite est émouvante…
Grâce à leur coopération avec l’ONG Lumière du Monde, les sœurs construisent aussi un centre ophtalmologique, qui permettra à des milliers d’enfants aveugles de retrouver la vue. Il ouvrira ses portes en avril. La liste d’attente est déjà très longue…
Le lendemain matin, malgré la pluie battante, nous allons au marché. La ville, aux couleurs orange, est assez jolie ; les routes, pourtant construites par les belges avant la décolonisation,  sont comme neuves ! 
Comme à Lubumbashi, les noms des boutiques sont d’une pieuté notable, (quand les commerçants n’oublient pas le ‘i’ de la vierge…erreur d’inattention nous disent-ils!). La ballade en ville est animée : les habitants de Likasi ne sont pas habitué à voir des ‘Mzungu’ (blanc en swahili). Les enfants nous escortent le temps du marché, espérant nous vendre tout et n’importe quoi pour quelques billets. Les gens sont relativement agressifs, mais leurs visages s’éclaircissent dès que nous les saluons. 
Nous sommes attendus dans une autre communauté de Likasi, là où habite Sœur Brigitte. Derrière leur maison (la seule de toutes les communautés avec électricité et eau courante), se trouve un dispensaire, que Sr Marie Joseph nous fait visiter. 
Nous entrons d’abord dans la maternité, où sept femmes sont alitées côte à côte avec leurs nouveaux nés. Pour une des femmes (40 ans), ce bébé est le 12ème… La tendance est la reproduction ! Plus loin dans le dispensaire, toujours dans la même promiscuité, des enfants atteint de la malaria sont sous traitement, d’autres sont allongés par terre dans la ‘salle d’attente’, en attendant que des lits se libèrent. Les normes d’hygiène sont moindres, mais le coût des soins permet à grand nombre de personnes de venir accoucher en sécurité et de soigner une malaria. Mais dès que les patients nécessitent des soins plus importants ou des opérations, ils sont envoyés à l’hôpital de la ville. D’ailleurs, nous avons escorté d’urgence dans notre ambulance improvisée, une jeune femme mourante dont l’accouchement c’est mal passé. Il n’y avait pas de services ambulanciers ce jour là.
Sur la route du retour à Lubumbashi, nous nous sommes arrêtés visité le monastère de kiswishi. Le domaine des frères est doté de plusieurs sources. C’est pourquoi ils ont crée une petite usine d’eau minérale, très moderne, et fabriquent la ‘Fontana’ de Notre Dame des sources, nouvelle concurrente de l’eau ‘Dasani’, produit de Coca-Cola ! Les usines sont rares au Katanga. Cette usine constituera peut-être un exemple pour les congolais qui s’uniront pour développé l’industrie autochtone !
Retour chez les sœurs, qui nous ont réservé une fois de plus un accueil très chaleureux !
Je commencerai ma mission à l’école lundi.
A bientôt,
Anne !

Wednesday, January 11, 2012

Premières impressions


Bonjour à tous !
J’ai débarqué samedi dernier dans une réalité nouvelle et inconnue, quelque peu indescriptible, tant par sa misère que sa richesse. 
Les rues de Lubumbashi, qui compte au total 4 millions d’habitants, sont bondées de monde. Les principales avenues sont goudronnées, les autres sont en terre battue et souvent défoncées par l’érosion, ce qui les rend peu praticables. La ville est très rouge. ‘Rouille’ dirait un occidental, ‘Couleur de l’Afrique’ clamerait un Africain ! Les rues sont sales: les congolais jettent par terre tout ce sont ils veulent se débarrasser; L’air est très pollué, à cause des camions de transport et des 4*4 pas écologiques dont les Des ‘boutiques’ d’alimentation, de vêtement, des salons de coiffure, des terrasses, aux noms déroutants ornent toutes les rues. « Gloire à Dieu, Esperance, Psaume 24… sont les types de noms que l’on retrouvent régulièrement !  Les Congolais qui n’ont pas assez d’argent pour louer une boutique, s’installent devant leur ‘maison’ et vendent manioc et maïs, poissons séchés et chenilles ou encore mangues et papayes. 
De part ce commerce de rue très important en nombre, et l’insalubrité des maisons, qui sont souvent minuscules et sombres, les congolais vivent principalement dans les rues. 
Le rythme de la vie Africaine est très lent. D’ailleurs personne n’a de montres ! Ici,  le temps a peu d’importance. Il n’est pas anormal d’attendre une heure ou deux un rendez-vous, les ouvriers prennent régulièrement le temps de souffler et de discuter à côté de leurs chantiers…mais le temps passe vite, les nuages sombres de la saison des pluies raccourcissant les jours. 
Je vis chez les sœurs de la congrégation des soeurs auxiliatrices de St Joseph, dans la maison de formation, dans un quartier qui s’appelle Tchamalale. Notre maison est barricadée d’un mur en brique, contre les voleurs qui sont nombreux. En face du dortoir, nous avons une autre maison avec la ‘cuisine’, une salle à manger, une salle de récréation, la chapelle, et il y a aussi une salle de classe ! Nous n’avons pas l’eau courante. Donc nous devons nous ravitailler en eau pour tous les besoins primitifs au fond du jardin. (Les douches à l’eau froide ne sont pas une partie de plaisir mais ça fait le charme du voyage!) Les sœurs cuisinent sur des réchauds à charbon de bois, posée sur le terre battue de la ‘cuisine’. Elles ont quand même 3 plaques électriques mais les longues coupures d’électricité sont fréquentes!  
Nous sommes entourées de poules et de pintades, qui vont et viennent. Le coq chante à toute heure du jour et de la nuit, indiquant le début et la fin des cours (j’ai vérifié, il est très ponctuel). 
La vie ici est très agréable, d’autant plus que les sœurs sont d’une gentillesse incroyables ! Jusqu’à maintenant, elles ne voulaient jamais trop que je les aide à la cuisine, et je devais insister pour aller chercher mon eau moi-même. J’ai compris hier soir, qu’elles croyaient que je ne cuisinais jamais en France, et que j’avais, comme tout les européens, une bonne… Maintenant que les préjugés sont tombés, je pense que je vais pouvoir  les aider à travailler un peu ! C’est en effet très intéressant de voir et d’apprendre comment on cuisine le manioc, (qu’on doit d’abord piller), comment on récolte de l’huile de palme, comment on cuisine toutes les feuilles pour en faire des légumes, (feuilles de manioc, de haricots, de pommes de terre…) Les fruits sont délicieux et tout ce qu’on consomme, à part certains poissons, vient de leur jardin, ou des champs ! Leur cuisine n’est cependant pas très variée. Bukari le midi accompagné de Tsombe et de poisson ou de poulet et  de bouillie de riz ou maïs le soir. Elles me cuisinent cependant des pâtes et des frites de temps en temps, pour une adaptation en douceur !
La religion est omniprésente dans la vie des congolais. La plupart des congolais sont de confessions catholiques, mais il y a (au grand désespoir des sœurs) une montée florissante d’églises méthodistes et évangéliques, qui ouvrent leurs portent à toute heure de jour et chante au rythme des tambourins et des cris de joie. 
Je me suis levée ce dimanche matin à 6h pour me rendre à l’église St Laurent, un bâtiment très simple sans dorures ni vitraux où la messe, en swahili, fut un spectacle de 2h30 !
Je ne suis pas encore experte en swahili mais j’apprends (pole pole) avec la Sœur Clotilde (74 ans), l’ancienne supérieure de la congrégation : un personnage charismatique et autoritaire au grand coeur!
La congrégation se bat sur tous les fronts pour reconstruire le pays, qui subit encore les conséquences de la guerre et du tribalisme.
A Lubumbashi, elles ont créée un dispensaire, dans lequel certaines d’entre elles travaillent. Elles ont aussi plusieurs écoles. Je vais travailler dans l’une d’entre elle près de la maison, St Benoit, ‘école de la paix’, le lundi et le mardi, à St Joseph (c’est l’école de la paroisse), le mercredi et jeudi, et je travaillerai dans un centre de ‘récupération’ de filles de la rue, où je donnerai des cours d’anglais appliqué à l’hôtellerie restauration.
Les religieuses ont, du fait de leur engagement dans toutes ces oeuvres sociales, ont un large réseau qui nous a permis de rencontrer beaucoup de monde, entre autres des coopérants français,un guide touristiques, des professeurs d’université et même des ministres provinciaux. 
Pour l’heure, je me dirige vers Kalemie, une ville à deux heures de vol de Lubumbashi, au bord du lac Tanganyika. Gilles participe à un colloque sur la question des défis alimentaire au Katanga, et moi je vais rencontrer pour la première fois la mère supérieure, Virginie, avec qui je correspond depuis des mois! 
A bientôt, 
Anne.